Hommage aux Présidents de l’ACEEBY.,
Par Dany Franck TIWA (Président de l’ACEEBY 2009).
A l’occasion de cette énième parution du magazine Nghie Pouo Patsoo’on que j’ai voulu dans la lignée de la consolidation et l’innovation, tous deux leitmotiv de l’ACEEBY cette année, je voudrais me faire historien et réactiver les mémoires. Je voudrais me souvenir de tous ceux qui, avant moi, ont mené de main de maître le navire qui m’a été confié en novembre dernier. Je parle de mes illustres prédécesseurs, les Anciens Présidents de l’ACEEBY. C’est au contact quotidien des mécontentements et des ingratitudes, des frustrations et humiliations, subissant des pressions de tout genre et étant sur le point de craquer, que l’idée m’est venue de revenir sur le passé glorieux de ces hommes d’honneur qui n’ont plus pour seule existence que des traces marquées à l’encre bleue dans nos archives, certainement laissées, à l’époque où ils étaient eux-mêmes aux affaires. D’ailleurs, nos archives étant récentes, j’ai moi-même du mal à les connaître au delà des années 2000. Alexandre le Grand disait il y a très longtemps que « les grands hommes s’élèvent et puis retombent ». Les nôtres ne sont-ils pas tombés précocement ? Autrement dit, ne sommes-nous pas responsables de les avoir précipité dans l’oubli ? Cette problématique en appelle aux raisons qui poussent ces humbles serviteurs du village à s’en éloigner, une fois qu’ils ne se sentent plus indispensables.
Djou Cédric, Kueté Prosper, TADAHA Omer, TSAPI Séverin, MAKEMTA Yves, sont autant de noms dont le village devrait se souvenir. Mais il n’en est rien. Au delà du souvenir, témoin immatériel et intemporel de la reconnaissance des services rendus, il y a, me semble-t-il, du désintéressement par rapport à l’Association en particulier et aux affaires du village en général. Aucun ancien président ne participe au financement des activités de l’Association. Les plus récents viennent de temps à autres à une séance de réunion pour prodiguer quelque conseils, mais l’engouement n’est plus, le village tout d’un coup passe après un tas d’autres « choses personnelles ». Un grand politique Américain à écrit qu’il fallait d’abord se demander ce qu’on a fait pour son pays avant de chercher ce qu’il a fait pour nous. Batcham peut se vanter d’avoir eu des fils aussi serviables et dévoués. Seulement, comme un feu abandonné à lui-même fini toujours par s’éteindre, de la même façon la ferveur patriotique s’effrite quant elle n’est pas nourrie. J’en veux pour signe parlant cette image du bureau exécutif de l’ACEEBY, resté incomplet plusieurs mois après notre élection, les camarades bien que de plus en plus nombreux, refusaient de prendre des responsabilités. A ce rythme là, je serai bon prophète d’affirmer que la section élèves et étudiants n’atteindra jamais son objectif fondateur, à savoir rassembler tous les fils Batcham de Yaoundé. Occuper des hautes fonctions à l’ACEEBY est un couteau à double tranchant dont l’un des côtés est partialement plus affûté : allez donc savoir lequel ! On les quitte très souvent avec des échecs scolaires, des familles légitimement mécontentes, tellement on aura été indisponible et absent, la santé fragilisée en raison de la charge de Travail. Ajoutez à cela l’échec professionnel et vous comprendrez peut-être ce que peuvent ressentir tous ces valeureux acteurs du glorieux passé de l’ACEEBY. Que de l’amertume et de la déception. On a le sentiment de s’être trompé, ou plutôt, d’avoir été dupé par la volonté de servir d’abord. Heureusement tous s’en sont rendu compte dès leurs premiers mandats et choisi de ne pas renouveler. Mais hélas pour tous, le mal avait déjà été fait, le ver s’était installé dans le fruit. De tous les anciens présidents, très peu ont une situation professionnelle honorable, et encore ils ne le doivent qu’à leur perspicacité. Certains ont trouvé refuge auprès des personnalités du département, les autres se demerdent comme ils peuvent dans les grandes agglomérations de notre pays, toutes choses qui n’honorent pas ce village pour lequel ils ont souffert mille souffrances et bu mille humiliations. « Les grandes nations doivent elles aussi se fabriquer leurs grands hommes » disait un sage belge. Batcham sur ce plan demeure redevable à l’endroit de ses fils. Corrigera t-il le tir?
© NGHIE POUO PATSO’ON 2009.