Une langue est un système ou un code d’expression et de communication propre à un groupe social qui constitue son groupement linguistique. Comme moyen de communication, une langue peut être orale ou écrite.
Le Ngiemboon se trouve de ce fait dans le registre linguistique comme une langue complète (à la fois orale et écrite) et très importante de par la diversité de sa communauté. Cette dernière compte en son sein environ 500 000 âmes reparties dans les groupements Batcham, Bagang, Bamougong, Balachi, Balessing, B+ et aussi par d’autres particuliers. Cependant, malgré l’importance que peut avoir cette langue dans la communication de ces différents peuples suscités et aussi dans la conservation du patrimoine culturel et traditionnel, nous constatons aujourd’hui avec beaucoup de regrets que le Ngiemboon n’occupe plus une place de choix dans la communication au sein des familles.
Parle-t-on encore le Ngiemboon dans les familles Batcham ?
De nos jours il est récurrent d’adresser une salutation à un jeune en Ngiemboon et de recevoir une réponse en français. Cette situation prend de plus en plus de l’ampleur et justifie à suffisance la réticence du peuple Batcham et celle du milieu jeune en particulier à s’exprimer en langue maternelle. Il est aujourd’hui très difficile et presque impossible de rencontrer des Batcham qui s’expriment de façon cohérente en Ngiemboon que ce soit en route, au marché, en famille ou en société.
Bien que cette situation soit assez embarrassante pour l’ensemble de la communauté Batcham, certaines personnes essaient aussi bien que mal de trouver quelque justification à cet état de chose.
Pourquoi le Ngiemboon disparaît-il au sein de nos foyers ?
Lorsque cette question a été posée en milieu jeune particulièrement, la réponse qui revient systématiquement et de façon banale est que « les jeunes ont honte ». Bien que nous ne puissions expliquer comment un homme peut avoir honte d’exprimer ses origines culturelles à travers sa langue, nous constatons que nous oublions très facilement le Ngiemboon ou tout simplement nous changeons de ton linguistique lorsque nous sommes en public ou en présence d’étrangers (à la langue Ngiemboon). Par ailleurs, une part de responsabilité et non la moindre revient aux parents qui sont de plus en plus absents auprès de leur famille. En effet, si l’homme Bamiléké en général et Batcham en particulier est reconnu sur la plan national et même international par son dynamisme et son dévouement au travail, nous constatons avec regret que ce dernier brille de plus en plus par son absence au sein de sa famille. De ce fait, étant donné que les parents sont considérés comme les principaux garants de la transmission de nos traditions (entre autre la langue Ngiemboon) aux jeunes à travers leur progéniture, leur absence auprès de la famille justifie de la façon la plus concrète le manque d’engouement des jeunes quant à l’usage de la langue Ngiemboon. Une autre raison avancée est celle des mariages multi-culturels. Bien que nous ne soyons pas contre ces types de mariage, il est clair de nos jours qu’il joue un rôle assez important dans la disparition de nos langues maternelles. Un mariage multi-culturel est ici une union entre deux personnes issues de groupements linguistiques différents notamment en ce qui concerne la langue maternelle. La conséquence de cette différence linguistique est qu’on opte au sien de la famille une langue commune : le français ou l’anglais qui deviendra par la suite le support de communication des enfants issus du couple. Des enfants qui, le plus souvent ignorent jusqu’à la salutation en langue paternelle tout comme en langue maternelle et se retrouvent ainsi au milieu de deux traditions sans être attachés à aucune. Face à la disparition de ce patrimoine linguistique, il est plus que jamais urgent de faire quelque chose chacun à son niveau pour contribuer à la sauvegarde de la langue Ngiemboon. Sauver la langue Ngiemboon dans nos familles passe obligatoirement par la refonte du dialogue familial notamment entre parents enfants et aussi et surtout par une éducation des jeunes générations sur le bien fonder de la chose culturelle et traditionnelle car nombreux sont des jeunes qui ignorent l’importance que peut avoir la langue dans la préservation de nos traditions et même de certains secrets familiaux.
Proposé par TCHOFFO Simon Duclair
© Publié dans ‘‘NGHIE POUO PATSO’ON 2009’’.
Organe d’expressions des élèves et Etudiants Batcham de Yaoundé).)