En date du 19 juillet 2008, s’est tenue au Centre Culturel Camerounais de Yaoundé, la première édition de la journée des mémoires Batcham, groupement de premier degré situé dans le Département des Bamboutos à l’Ouest du Cameroun.
Cet événement, organisé par le Cercle de Réflexion Ngiemboon en partenariat avec le programme marche cantonale et L’Association Culturelle des Elèves et Etudiants Batcham de Yaoundé (ACEEBY), a vu la participation de plusieurs exposants et d’une foule nombreuse composée des personnes originaires pour la plupart du village Batcham venues s’enquérir de la richesse culturelle et artistique de leur localité. L’événement proprement dit s’est déroulé en deux phases ; la phase de l’exposition et celle de la conférence-débat. S’agissant de l’exposition, il était question de faire découvrir au grand public l’immensité de la richesse culturelle et artistique du village Batcham. Ainsi, les dessins, les photos, les gravures et les livres portant sur l’histoire de ce groupement ont émerveillé les invités et autres visiteurs qui s’étaient déplacés pour la circonstance.
Les livres comme une dure vie scolaire de Lazare Sadio (Ed. Clé 1ère 1962, Ed. 2005) ; La naissance du peuple Patsoon boong (Batcham) de Théophile Tatsitsa (2007) et la royauté guerrière… de Elvis Tangwa Saha et Al (2008), … ont particulièrement intéressé le public. La conférence-débat portait sur la personnalité de Fouafang David à qui on rendait hommage et la présentation du masque Batcham. Ici, les panélistes (Elvis Tangwa Sa’a et Tatang Gaspard Vincent: Tangwa Saha, chercheurs et hauts dignitaires du village Batcham, Prosper Djiafeua (inspecteur national des langues nationales), Simplice Demefa Tido (Chercheur), et Théophile Tatsitsa ( Ecrivain-Chercheur), ont profondément et longuement édifié l’auditoire sur les qualités du chercheur en langue Ngiemboon que fut Fouafang David, et la densité de l’œuvre laissée par ce dernier à la postérité. Pionnier de l’écriture Ngiemboon et homme multidimensionnel, Fouafang David a aussi reçu de nombreux prix et titres honorifiques des organismes internationaux, en guise de reconnaissance et de récompense à son travail.
Le second volet de la conférence était consacré à la présentation du masque Batcham. A ce niveau, après avoir diversement défini et expliqué le terme masque, tous les exposants ont unanimement reconnu que le masque Batcham, qui se retrouve aujourd’hui dans les musées royaux Bamiléké et dans plusieurs autres à travers le monde, est le plus cher et le plus célèbre du Cameroun. Toutefois, ont souligné et insisté les exposants avec regret, bien que ce précieux objet d’art fasse la fierté de plusieurs musées au monde, le village Batcham ne bénéficie pas toujours de ses droits de propriétés et de reproduction. Aussi est-il temps que le peuple Batcham se lève d’une seule voix pour réclamer son droit d’auteur aux instances compétentes.
Au-delà de la présentation et de l’exposition du patrimoine culturel et artistique du village Batcham, la première édition de la journée des mémoires Batcham consacrait aussi le démarrage officiel des activités du Cercle de Réflexion Ngiemboon, association culturelle à but non lucratif qui se propose d’explorer l’univers scientifique de l’espace Ngiemboon et de mettre le fruit de sa réflexion et de ses recherches au service du bien être social de la population de cet aire géographique et linguistique.
Bien que n’étant qu’à la première édition, la journée des mémoires Batcham a glané une foule immense de personnes, qui ont émis le souhait que de telles manifestations soient perpétuées dans l’avenir pour que continue le rayonnement de la culture Ngiemboon en général et Batcham en particulier. Rendez-vous a été pris pour les éditions ultérieures.
Simplice DEMEFA TIDO
© NGHIE POUO PATSO’ON / Spécial Octobre 2008