Les chefferies traditionnelles Bamiléké sont des entités sociopolitiques et religieuses, hiérarchisées autour d’un chef traditionnel (le Fouo), dont la souveraineté est reconnue par son La’a (peuple, village) et entérinée par l’administration.
Le Fô ou le Fouo, est résidant du No’oh ou To’oh, ou Tsa’a (chefferie ou Palais du peuple). Il siège au sein des sociétés réservées à la classe des notables, prêtres et sacrificateurs du Ngouong (pays, royaume, univers). Ces sociétés réservées ou sécrètes, sont pour les plus importantes : le cercle des neuf notables, celui des sept notables et les castes des Poala’a ou des Ngwala’a. Ce sont ces différentes structures qui constituent la base même de l’existence d’une chefferie traditionnelle ; qu’elle soit indépendante ou ralliée à une autre institution traditionnelle de plus grande importance démographique ou territoriale.
En effet, pour le cas de Batcham, malgré toutes les spéculations sur l’histoire Patsoon, tous les chercheurs et théoriciens s’accordent pour dire que les toutes premières sociétés secrètes, lesquelles constituent la base de l’existence du pouvoir traditionnelle ou du Lefouo Tsoon virent le jour sous l’instigation de Fouo Longouo.
Qu’il s’agisse de la caste des neuf (Kem Lepfouo) ou de celle des sept (Kem Sombua) notables, c’est Fouo Longouo qui aurait été le chef régnant Patsoon au moment où celles-ci virent le jour. La création de ces organes constitua un élément important indissociable du Lefouo Tsoon Boong et au fondement de La’a Tsoon comme entité sociopolitique et religieuse.
En outre, il existe à Batcham comme ailleurs en pays Bamiléké, des lieux spéciaux qui témoignent du sacre de la naissance de la nation traditionnelle Patsoon Boong à l’époque de Fouo Longouo. On pourrait citer : le Tiolà’a (arbre du village), le Bosquet primitif Pouh Gouong (là où le village fut fondé), le Nougné Mfoum (vestige de la création) ainsi que quelques noms de villages ‘‘primitifs’’ ou ‘‘aborigènes’’ ayant précédés le fondement de Gouong Tsoon (royaume des Tsoon) dans la région.
Ces villages sont pour les plus connus : Papepoh (les conservateurs -‘‘de leur culture’’), Tsing-La’a (souche du village), La’a Ntioh ou Lepfo Ntioh (fond, milieu du village), Mbe-bouah (sacrificateurs, bénédictins, pieux – du type d’hommes Mbe-tsoon), et tout proche, on retrouve, Touoh-Tsoon (Tête des Tsoon) etc, qui sont des quartiers ou villages bien connus à Batcham.
La capitale actuelle appelée Tsala (King Place) occupe les anciens territoires La’a Ntioh et Touoh- Tsoon. Enfin, on peut se demander comment pouvait-on parler de Chefferie ou de royaume Patsoon alors qu’il n’existait aucune institution fondamentale du pouvoir traditionnel avant Fouo Longouo ?
© Extrait de ‘‘La naissance du peuple Patsoon Boong (Batcham)’’.
Consulter en ligne : http://books.google.fr/books?id=RYBLDNqbcxIC&printsec=frontcover&dq=patsoon+boong&cd=1#v=onepage&q=&f=false
Discuter en ligne dans ‘‘Tribune des Mémoires Batcham’’ : http://www.regionic.info/jmb