Ce « patriotisme » bizarre qui pullule subitement les médias camerounais, assaisonné d’un regain des appels à la candidature de Paul Biya est d’une puanteur qui m’oblige à sortir de ma réserve…
Car comme l’a dit le père Ludovic Lado, il pu à plein nez le sang des victimes (civiles et militaires) de la crise anglophone.
Ce patriotisme incongru, accroché à la calvitie d’un mortel pu le sang de monseigneur Benoît Balla (assassiné, puis déclaré suicidé, puis décoré post-mortem),
Il pu le sang des victimes du train de la mort d’Eseka,
Il pu le sang de koumatekel Monique,
le sang des 9 de Bepanda,
le sang des centaines de jeunes fauchés en février 2008, pour avoir voulu protéger cette même constitution qui est brandie aujourd’hui comme excuse pour ne rien lâcher. etc.
Autant le dire. S’il est une chose que nous réussissons avec maestria, c’est semer, puis fertiliser et enfin arroser nous mêmes les germes de notre auto destruction.
J’en veux pour preuve :
Est-ce que sont les américains qui nous ont demandé de gouverner un peuple avec autant de cynisme?
Sont-ce les américains qui demandent aux préfets d’interdire le droit constitutionnel à la manifestation publique?
Sont-ce les américains qui ont fait qu’un mort soit major à l’entrée de l’Enam? Qu’un ordinateur de 32 giga se métamorphose en 500 gigas sous les tropiques?
Sont-ce les américains qui obligent Paul Biya à nommer des bandits de grand chemin au gouvernement et à la tête des Sociétés d’État?
Est-ce que ce sont les américains qui ont bloqué les tracteurs en brousse à Ebolowa tandis que 5 doigts de banane-plantain coûtent 1000 frs CFA à Yaoundé pour un smig de 30 000 frs?
Est-ce que ce sont les américains qui envoient des motions de soutien et d’appel à la candidature d’un homme esquinté qui cumule plus de 40 ans aux plus hautes fonctions de l’État?
Pourquoi sommes-nous donc ainsi? Tels d’éternels enfants à toujours pointer le doigt accusateur sur un « djoudjou kalaba » qui serait l’UNIQUE instigateur de nos malheurs ?
Pourquoi certains camerounais bousillent-ils sans scrupule et à n’importe quel prix les prouesses kamites initiées ici et là par des hommes d’Etats africains qui ont enfin décidé de s’assumer en dirigeant mieux leurs peuples ?
D’où sort subitement ce complexe du gentil nègre, puritain et apeuré fasse au méchant blanc, dans une crise multidimentionnelle lorsque nous savons pourtant OÙ, QUAND, COMMENT et POURQUOI ça a commencé et dégénéré ???
Moi, Alice Sadio, je ne suis pas de ce courant de « panafricanisme-gris-gris » que l’on agite avec frénésie, dans un ultime soubresaut du monstre froid qui, refusant de lâcher les restes de sa proie lorsque les voisins l’invitent à un self-control, tintamarde à tue-tête « au complot ! au complot! » …
Ce cache sexe troué ne perturbe en rien la véritable problématique qui est :
-Y-a-t-il crise humanitaire ou pas?
-Le peuple (anglophones et francophones confondus) souffre-t-il le martyr ou pas?
-Tout cela est-il lié aux perversions de ceux qui nous gouvernent ou pas?
Si nous répondons par l’affirmative à ces questionnements, nous pourrons alors clairement, distinctement et froidement circonscrire les vrais fossoyeurs de la République.
Pour faire simple, ce sont ceux-là même qui ont confisqué la pitance de 99% des héritiers de ce triangle national pendant des décennies, narguant et réduisant au silence en temps de besoin, c’est à eux disais-je, qu’il faut demander des comptes. Non pas au passant qui n’a fait que parler.
Alors que ces « panafricanistes » bizarres osent nous dire, la main sur le cœur, que c’est pour le peuple d’en bas qu’ils entrent en transe, et j’avalerai ma plume !!!
En foi de quoi… Du haut de mon panafricanisme à moi, épuré qu’il est, de toute génuflexion, de tout griotisme ostentatoire,
fortifié qu’il est, par l’essence du combat des précurseurs du vrai panafricanisme,
Moi, disciple de Marcus Garvey, de Kwame Nkrumah, d’Aimé Césaire, de Mongo Beti, etc. J’ai parlé !
Panafricainement.
Alice Sadio.