Président du Comité/Académie de Langue et Culture Ngiemboon. Chef de la section des arts, langues et cultures nationales au Ministère des Enseignements Secondaires- Cameroun.
Le Dr. DJIAFEUA Prosper est un fils Batcham, né dans le village Babekouo, en plein milieu de la décennie soixante. Il fait ses études maternelles et primaires à l’Ecole Catholique de Bameffo, secondaires, respectivement au CEG de Batcham et au Lycée de Mbouda, sanctionnées par l’obtention d’un Baccalauréat A4 allemand avec la mention Assez-bien en juin 1985.
Inscrit dès la rentrée suivante en première année de Lettres Modernes Françaises à la Faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH) de l’Université de Yaoundé, il obtient en 1988, une licence ès Lettres avec la mention Assez-bien, en 1989 et une Maîtrise en Linguistique Africaine, phonologie structurale axée sur la description de la langue Mponpon, parler de Yokadouma, avec une mention identique.
La même année, il s’inscrit en DEA de Langues Africaines et de Linguistique, mais passe également son concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, en tant que major. Il est donc obligé de suspendre son inscription en DEA car les textes universitaires n’admettent pas le cumul des inscriptions. Dès lors, il va se consacrer exclusivement à ses études à l’Ecole Normale pour en sortir deux années plus tard, nantis du diplôme de Professeur des Lycées d’Enseignement Secondaire, deuxième grade (DIPES II) en étant vice-major de sa promotion.
Pendant son parcours comme étudiant, il milite dans les associations estudiantines de son département et de son village d’origine dans lesquelles il exercera les fonctions de directeur de publication des journaux parlés et écrits. A la fin de la décennie quatre-vingts, il va contribuer à la création du journal Ngye Puo Patsoon qui remplace le Flambeau, jusque-là organe d’expression de la communauté estudiantine Batcham de Yaoundé.
Dès la rentrée scolaire de septembre 1991, le jeune professeur de Lycée va être affecté au Lycée technique de Nkongsamba pour enseigner le français.
Une année plus tard, en 1992, il est rappelé à Yaoundé pour être le Secrétaire particulier du tout premier Ministre, originaire de Batcham, son Excellence Lando Théodore.
Cette expérience très riche en enseignements ne fera pas long feu. Dès le 13 décembre 1994, le professeur de lycée est remis à son administration d’origine, l’Education Nationale, où il va travailler comme cadre à la Direction de l’Enseignement Secondaire général pendant 14 ans. D’où son implication dans les procédures de création de la quasi-totalité des CES implantés dans le groupement Batcham (Bambi-Batcham, Babekouo, Baleghang, Batchuetio, Bangouang, King-Place).
En 2004, à la faveur de la création du MINESEC et d’une inspection de pédagogie chargée des langues et cultures nationales et, fort de son obtention en 2001, d’un DEA en Linguistique Appliquée et son inscription subséquente en doctorat de linguistique appliquée, le professeur des lycées d’enseignement général hors échelle, va être nommé comme inspecteur pédagogique national pionnier des langues et cultures nationales dans ce nouveau département ministériel. Dans cette lancée, il devient chef d’unité pédagogique et plus tard en 2013, Inspecteur Pédagogique National chef de la section chargée de l’éducation artistique, des langues et cultures nationales et récemment des arts cinématographiques, passant ainsi de la fonction de sous-directeur à celle de directeur-adjoint de l’administration centrale.
Le 13 juillet 2011, il soutient à l’Université de Yaoundé I, avec la mention très Honorable, une thèse de doctorat/Ph. D. en Langues Africaines et Linguistique, spécialité Linguistique Appliquée, dans laquelle il propose à la communauté intellectuelle un modèle d’introduction des langues nationales dans les Ecoles Normales d’Instituteurs de l’Enseignement Général (ENIEG) au Cameroun. Ce diplôme lui donne la possibilité d’être en permanence formateurs des formateurs dans quelques universités et instituts privés d’enseignement supérieur jusqu’à date. Il convient de relever qu’il est l’enseignant pionnier du ngiemboon au Département des Langues et Cultures Camerounaises de l’ENS de Yaoundé, en 2010, année spéciale qui marque l’admission de la première cuvée des élèves-professeurs de cette langue dans un établissement d’enseignement supérieur.
Le Dr DJIAFEUA est un locuteur natif ngiemboon, de par ses origines, mais il aime aussi très bien sa langue dont il est, depuis 2012, le président de son académie suivant ainsi les traces du regretté KENNE FOUAFANG David.
Son premier contact avec la langue ngiemboon écrite date de 1985 lorsqu’il était étudiant en première année de Lettres Modernes Françaises à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Yaoundé.
A cette époque en effet, Dr. Steve Anderson C. venait de soutenir son Ph. D. sur le sujet « Tones and morphemes rules in Ngyemboon- Bamileke » (1983) à l’Université de Southern California. Estimant que la population ngiemboon ne s’intéressait pas au développement écrit de sa langue, il avait entrepris de sensibiliser la communauté universitaire ngiemboon résidant à Yaoundé. C’est ainsi qu’il vint à une réunion des étudiants Batcham à l’Ecole Publique du Château à côté du campus de l’Université de Yaoundé au cours de laquelle des cassettes audios des chansons religieuses en langue ngiemboon accompagnées des livrets desdites chansons furent présentées aux étudiants. Grâce à ses premiers cours de phonétique descriptive et articulatoire, le jeune étudiant DJIAFEUA réussit à lire ces livrets et à en tirer tout le plaisir d’un illettré qui découvre pour la première fois que sa langue maternelle peut aussi être écrite et lue comme le français et l’anglais, les langues officielles de son pays. Ce contact avec le Dr. Steve Anderson est véritablement l’élément déclencheur de toute la passion que Dr. DJIAFEUA a aujourd’hui pour sa langue maternelle et la linguistique.
Entre la fin de la décennie 90 et les débuts des années 2000, il collabore au programme de recherche opérationnelle pour l’enseignement des langues au Cameroun (PROPELCA) dans sa phase de pilotage par l’Association des Langues et Cultures Camerounaises (ANACLAC).
Le 1er décembre 2012, au cours de l’assemblée générale élective du Comité de Langue Ngiemboon, Dr. DJIAFEUA est élu comme le Président de cette structure. Il devient ainsi le 3ème du genre depuis la création de ce comité en 1994.
Deux années auparavant, mandaté comme représentant officiel du Comité de Langue Ngiemboon à l’assemblée générale de l’ANACLAC, tenue en mars 2010 à Yaoundé, il y est désigné comme Conseiller technique n° 2 au sein du bureau de cette association.
Jusqu’à ce jour, il a été de tous les combats relatifs à la promotion de la langue ngiemboon. La production du dictionnaire trilingue ngiemboon – français – anglais reste et demeure pour lui, l’œuvre la plus marquante de l’histoire du développement écrit de ladite langue.
De nos jours, Dr DJIAFEUA continue d’œuvrer inlassablement pour que la langue ngiemboon et la culture qu’elle véhicule comptent parmi les fleurons du multilinguisme et le multiculturalisme camerounais en faisant d’elles les cadres d’illustration de ces publications scientifiques et didactiques. Son slogan est le suivant : Un homme sans culture est comme un arbre sans racine.
© Mesa’ako Patsoon N° 010 juillet 2025, édition consacrée à la sortie officielle de Fouo Djiotsoon








